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La machine : le nouvel album de Jul qui porte si bien son nom

Jul

Il est rare que l’appellation d’un album de musique urbaine définisse aussi bien son auteur. A mesure que les années passent, certains ont presque fini par banaliser la productivité monstrueuse à laquelle le J nous a tous habitué. Pourtant comme il le dit lui même, c’est bien son vingtième album en à peine 6 années de travail dans la musique, pour une moyenne absolument dantesque de minimum 3 projets par ans depuis ses débuts. Et le plus impressionnant dans tout cela, c’est que bon nombre de doubles albums sont à comptabiliser, à commencer par ce dernier baptisé La machine.

Au vu de ces petits rappels, pas besoin d’explication complémentaire afin de comprendre le choix du titre. Quoi de mieux qu’une comparaison avec un objet censé transformé l’énergie brut en un travail pour le définir, étant donné que c’est exactement ce que Jul sait faire de mieux. Si le rappeur marseillais pouvait dormir au studio chaque nuit, nul doute que ce serait pour lui un immense plaisir. Plus qu’une simple passion dévorante, le rap est devenu l’essence d’un moteur qui continue de tourner à plein régime. 

Autodidacte de génie, il tient à garder un contrôle absolue sur son oeuvre, comme en témoigne l’usage récurent de sonorités qu’il affectionne depuis toujours. Celui qu’on appel l’ovni justifie encore un peu plus cette réputation à chaque projet, lui qui n’est pas du genre à considérer les featurings purement comme un moyen de réussite commerciale. Que ce soit de part des collaborations inattendues avec Big Flo et Oli, la mise en avant de rappeurs émergents comme Moubarak et Doria ou encore pour s’associer avec des légendes comme Nessbeal, aucunes barrières ne s’impose à lui.

Son titre avec le “roi sans courronne” (album de Nessbeal sortie en 2008) est un condensé d’écriture poétique pour se focaliser sur leurs histoires respectives. Les plumes des deux artistes se sont ainsi combinées pour donner naissance à un morceau émotionnellement très fort. Tout aussi surprenant, le son avec Doria est une excellente surprise. La définition même du featuring aura été respectée à la lettre, avec ce titre dans lequel leur implication est maximale.

 Déjà de la partie pour l’album Rien 100 Rien, Jimmy Sax et sa trompette sont de nouveau présents, comme un symbole de l’ouverture d’esprit de Jul en termes de musicalité. Que dire de la prestation absolument remarquable avec le son Que ça dure en compagnie de Big Flo et Oli. Si ce titre était un concours de rimes, il aurait été littéralement impossible de départager les frères toulousains du J, tant certaines punchlines sont puissantes.

Comme un symbole de sa mentalité, c’est un internaute qui a réalisé la cover de ce double album (@_zeiqh sur instagram), en reprenant les codes symptomatiques de son oeuvre. Extrêmement futuriste, elle donne le ton d’un projet rassemblant toutes les compétences de l’artiste du 13, qui peut aussi bien chanter, que découper une prod ou encore transmettre de vives émotions. Et comment pouvait-il d’ailleurs opérer à une meilleure entrée en matière qu’avec le remix d’un tube des années 80. C’est tout l’objet du titre Folie, qui reprend trait pour trait la topline du refrain des fameux Démons de minuit.

Une pratique que Jul a pour habitude de répéter au fil des projets, et qu’il a surtout su démocratiser depuis un moment déjà. Une preuve irréfutable de son rôle de précurseur sur la scène urbaine. Avec un morceau comme Italia, il ne met donc pas bien longtemps pour revenir à ce qu’il sait faire de mieux, à savoir confectionner des mélodies toujours plus entraînantes. Jul c’est aussi la récurrence d’une thématique centrée autour de la trahison, au combien représentative e d’une jalousie typique de l’être humain à l’égard de ceux qui réussissent à plus ou moins grande échelle.

Alors lorsque l’on atteint un tel niveau de notoriété, forcément les convoitises se font de plus en plus nombreuses, voire oppressantes par moment. Heureusement pour lui, le J a toujours su garder un esprit sain afin de recycler son entourage en permanence pour éliminer les troubles fêtes. Paradoxalement, c’est peut être la “team Jul” qui reste alors son plus fidèle allié pour ne pas flancher. Ce qui semble d’ailleurs le plus difficile à gérer pour un homme accompagné par des centaines d’individus dans la lumière, mais qui marche seul dans l’ombre une fois loin des projecteurs.

Si certains continuent de penser que “Jul ne sait pas rapper” il se charge de ressortir son flow dévastateur sur des sons de presque 5 minutes avec un débit insolent. Surtout quand cela lui offre l’occasion de dire un grand Bravo aux traîtres avec une pointe d’ironie. Ce qui reste le plus incroyable chez Jul, c’est la simplicité avec laquelle il mène une existence basée sur des plaisirs simples. Jouer à Fifa avec des potes, faire des roues en moto, passer du temps avec les siens, voilà autant d’activités qui suffisent à son bonheur. Le rappeur de la cité phocéenne se sent tout de même investi d’une mission en tant que représentant d’une génération marseillaise.

Comme à chaque album de Jul, on découvre des facettes de sa personnalité que l’on ne connaissait pas forcément. Si l’on devait résumer ce projet, on pourrait assez facilement dire que c’est une fois de plus une sorte de capture d’écran de son état d’esprit, prise à un moment T. La force du J, c’est cette capacité à provoquer des frissons aux auditeurs de part une sincérité à la fois touchante et presque invraisemblable. Il n’a jamais rien caché à son public, et ce dernier le lui rend bien au travers d’un amour inconditionnel à son égard, parfois même quelque peu excessif. Au delà d’une personnalité ultra attachante ou d’un sourire communicatif, l’artiste jouit d’un capital sympathie surréaliste.

Pas forcément destiné à devenir une star, c’est avec le temps que Jul a fini par comprendre les vices liés à un statut d’indétrônable dans la musique, ce qui ne l’empêche en rien de garder son authenticité, ni même de garder les pieds sur terre. S’étaler dans la sphère médiatique n’a jamais été son fort. Dans cette course effrénée pour conquérir les Sousou, il semblerait que le J possède encore une immense longueur d’avance sur la plupart de ses concurrents.

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