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Koba LaD : Son ascension, la gestion du succès, les objectifs de « VII », le bâtiment 7, l’ouverture musicale

Koba LaD

Visible dans le rap français depuis un peu moins d’un an, Koba LaD a su convaincre le public très rapidement grâce à son stypique et sa voix reconnaissable. Remarqué grâce au « Freestyle Ténébreux #1 », qui renvoyait une image naturelle et efficace, l’artiste originaire d’Evry a enchaîné les freestyles. Voyant le buzz monter, les maisons de disque se sont naturellement intéressées à lui, et c’est Def Jam France qui a finalement mis la main sur Koba LaD. Générant des millions de vues, créant des émeutes durant des concerts, la signature Def Jam France a su s’illustrer artistiquement en prouvant qu’il était capable de s’adapter à tout type de sonorité, sans se dénaturer. Ainsi, à l’occasion de la sortie de son premier projet « VII », nous sommes partis à la rencontre de Koba afin de revenir sur l’ensemble de sa jeune carrière grandissante.

Rapelite : T’es assez jeune, 18 ans, tu considères que c’est une force ou une faiblesse cette jeunesse ?

Koba LaD : C’est un avantage, cela veut dire que dans 10 ans, j’aurais 28 ans, et rester autant de temps dans la musique est l’un de mes objectifs. En tout cas, je souhaite rester aussi longtemps, j’espère ne pas avoir une carrière courte. Je dis 10 ans, mais cela peut même être plus, c’est l’un de mes objectifs. J’ai envie de marquer mon époque et montrer que je suis passé par là.

Rapelite : A la base, tu disais faire de la musique avec tes potes pour rigoler, mais à partir de quel moment as-tu compris que le rap était un véritable business ?

Koba LaD : A partir de « Ténébreux 1 », j’ai compris que cela commençait à devenir sérieux car on avait déjà créé notre propre chaîne YouTube, à nous. On faisait les choses par nous-mêmes et les vues sont arrivées toutes seules donc les maisons de disques ont naturellement commencé à s’intéresser à nous. A ce moment-là, tu prends conscience qu’être rappeur est un véritable travail.

Rapelite : En interview, William Thomas disait que toi et ton équipe aviez une aisance naturelle devant la caméra, est-ce qu’il y a des clips qui ont pu vous inspirer ?

Koba LaD : En vrai, la pression, la peur, c’est un choix, donc si tu veux te mettre la pression, c’est ta décision. Perso, je fume, je bois, la pression, je ne connais pas cela. Après on a regardé la tendance américaine, au niveau du visuel, et même le flow devant la caméra, c’est super important, tu peux faire la différence avec ça.

Rapelite : Dans tes clips, tu fais souvent référence à ton manager, Deuspi, qui est ton cousin. Il est devenu un personnage à part entière de ton univers, c’était important qu’un membre de ta famille t’épaule dans le monde de la musique ?

Koba LaD : En vrai, il m’épaule même bien avant la musique, on se suit depuis des années. Dans ma tête, c’est normal qu’il soit à mes côtés. Franchement, on avait sorti un freestyle banal avec « Ténébreux 1 », clip banal, dans le bâtiment 7, il y avait aucune mise en scène, on pensait pas que cela allait péter, ça a pété et l’idée des « Freestyles Ténébreux » venait de Deuspi.

Rapelite : Mais cela te montrait également au naturel, et t’as suivi cette ligne de conduite jusqu’au « Freestyle Ténébreux 4 »…

Koba LaD : A partir du quatrième, j’ai commencé à signer, donc la maison de disque a ramené son petit grain de sel afin qu’on propose un contenu un peu différent mais qui me ressemble tout de même. C’était même bien de proposer un autre style afin de montrer qu’on sait faire tout type de choses.

Rapelite : Quelle est la partie du métier de rappeur que tu apprécies le moins ?

Koba LaD : J’aime bien le métier en vrai, il n’y a rien qui me déplaît particulièrement. J’ai un public qui m’apprécie et qui me soutient, c’est eux qui font vivre ma musique et la représentent. Il n’y a rien de vraiment désagréable même s’il y a quelques inconvénients. C’est des trucs de la vie de tous les jours, dans n’importe quel taff, c’est pareil.

Rapelite : Tu viens d’Evry, c’est une ville assez emblématique dans le rap français entre les Disiz, Alkpote, Niska, ce sont des artistes qui t’ont influencé musicalement ?

Koba LaD : J’ai énormément écouté les rappeurs de ma zone, Niska, Alkpote, et à Grigny, il y avait Juicy-P, La Comera, Mossda, et encore en 2018 je les écoutes toujours pour te montrer à quel point, ils m’ont marqué. On suit depuis longtemps mais la lumière n’était pas encore là, Grigny, ça a eu du mal à prendre alors que leurs rappeurs étaient très chauds. Mais c’est Dieu qui donne, s’il veut donner, il donne, mais s’il veut pas, il donne pas.

Rapelite : D’ailleurs il y a une collaboration avec Juicy-P qui se prépare…

Koba LaD : Ouais, c’est pour son projet, c’était un honneur de poser avec lui, c’est un ancien, j’ai même pas réfléchi, j’ai dit oui directement. D’ailleurs, on a clippé le titre.

Rapelite : Tu penses qu’il y a un style de rap propre à votre zone ?

Koba LaD : En vrai le 91, regarde PNL, c’est différent musicalement, mais au fond, dans ce qu’ils racontent, c’est la même chose que nous. Si t’habites dans le 91, tu penses comme un mec du 91, et tu nous comprends.

Rapelite : Sur la direction artistique du projet, t’as confié que AKM du 50K t’avait épaulé sur certains titres, est-ce qu’il y a d’autres personnes qui t’ont aidé sur la réalisation de « VII » ?

Koba LaD : Le quartier, en vrai, c’est les gars du 7 qui sont en studio avec moi, c’est rare que j’y aille tout seul. J’ai besoin d’être entouré afin d’avoir leur vision. Surtout qu’on est une équipe, on bosse ensemble depuis le début, il faut qu’ils aient un regard sur ma musique.

Rapelite : Sur ton premier projet, tu voulais le sortir depuis longtemps à cette période ou cela a été accéléré suite à la signature ?

Koba LaD : Je pense que c’est plus à cause de l’engouement et des millions de vues, le public attendait un projet. Le buzz est présent, faut pas faire semblant, on va pas attendre. Il faut balancer, et une fois dehors, on verra ce que cela donne. Concernant « VII », je l’ai fait comme je le concevais, après c’est au public d’en juger, mais je suis confiant par rapport à la sortie.

Rapelite : Sur le projet, il était possible de s’attendre à une succession de bangers mais finalement, il n’y a pas que cela, il y a aussi des ouvertures musicales…

Koba LaD : C’est important, c’est de la répétition, à force, ça m’aurait saoulé si j’avais enchaîné les bangers. Moi-même, j’aurais pas eu envie d’écouter le projet, si j’avais fait cela. Après, je pense avoir quelques titres me permettant d’élargir mon public, tout en restant moi-même. Maintenant, on verra.

Rapelite : Chief Keef est l’une de tes principales références musicales, mais à quelle époque le rappeur de Chicago t’a marqué ?

Koba LaD : A l’époque de « Love Sosa » et « I don’t Like », à ses débuts, j’avais 12 ans à cette époque, c’est là où tu prends tes premières vraies claques. Ensuite, j’ai suivi ce qu’il faisait et j’ai adoré, il était fou dans sa tête.

Rapelite : Est-ce qu’un featuring avec lui est envisageable ? 

Koba LaD : Si c’est possible, je saute sur l’occasion, mais pour le moment, c’est pas une priorité. Je fais ce que j’ai à faire, je suis concentré sur ma propre musique, si cela doit venir, ça viendra.

Rapelite : T’avais d’autres références américaines à l’époque ?

Koba LaD : C’était Chicago à fond, surtout à cette époque, mais Atlanta, j’écoute beaucoup, mais vraiment beaucoup Young Thug. De temps en temps Migos, mais en fait la nouvelle vague, je calcule pas trop, pour être honnête.

Rapelite : Tu te rappelles de ton premier souvenir en tant que rappeur ?

Koba LaD : J’étais petit, on posait au Studio Bunker, dans le 91, à Evry, aux Pyramides. Je posais un son avec mes potes mais frère, on était petits, après ça allait le son, c’était pas dégueulasse. Par la suite, on a fait 2, 3 sons et on a arrêté vers… Je sais plus, je me rappelle plus de la date, je sais qu’on a repris à un moment, et que j’ai arrêté, pour ensuite reprendre ensemble à partir de « Freestyle Pure », on a sorti un autre freestyle, puis un second et ensuite il y a un pote à moi qui ne pouvait plus trop rapper. Donc, on a continué à deux, et on a laissé tomber le groupe, à partir de ce moment, j’ai enchaîné en solo avec les « Freestyle Seven Binks ».

Rapelite : Mais cette série de freestyles t’a aidé par la suite pour développer les « Freestyle Ténébreux » ?

Koba LaD : Ouais, parce que dans les « Freestyle Seven Binks », le deuxième m’a aidé à passer un cap, mais le premier était le plus dur en termes de vues, on avait juste atteint les 100 000 vues. C’était pas mal, mais on pouvait faire plus et on l’a fait. Ensuite Deuspi m’a attrapé pour me dire qu’on allait faire un truc plus carré, avec 5 freestyles, si ça pète, ça pète, ça pète pas, c’est pas grave, on aura tenté.

Rapelite : Quand t’étais allé en studio pour le « Ténébreux 1 », tu t’attendais à ce que le son prenne une telle ampleur ?

Koba LaD : En vrai, je me disais on va peut-être faire les 100 000 vues, comme d’habitude, mais fin de l’histoire. Je pensais même faire moins car c’était une nouvelle chaîne YouTube, et c’était le premier son dessus, on repartait à zéro. Au début, je ne voulais pas qu’on refasse une chaîne mais j’ai écouté mon manager, je lui ai fait confiance, et finalement il a eu raison car c’est le point de départ de ma carrière.

Rapelite : Dans la foulée, il y a également eu le featuring avec QE Favelas, qui était un visuel plus travaillé, et a également rencontré un franc succès…

Koba LaD : Ca m’a exposé de fou, c’était sur la page Kyoh Productions, qui est une très bonne page, ça m’a boosté. Sur cette page, j’ai également sorti « Double D », j’aimais bien le taff de Kyoh, donc on a continué. Il y en a même un troisième qui est sorti plus tard avec Hoody Lando, c’est mon zinc. Dès que je vois que c’est possible de booster un fréro, je le fais, c’est normal.

Rapelite : Sur scène, on a également vu qu’il y avait parfois des débordements à cause de ta musique…

Koba LaD : Ouais, au festival Solidays, même moi, j’étais débordé. A Solidays, il y a plusieurs scènes, une petite et une grande, on m’avait mis sur la petite, mais c’était pas assez grand pour moi. Donc le public a cassé les barrières, une première fois, ensuite l’organisation a essayé de réparer les barrières, le public a recassé, le directeur du festival a dit d’arrêter le concert. C’est un de mes meilleurs souvenirs de concert.

Rapelite : Quand t’avais signé chez Def Jam France, quelles étaient tes attentes par rapport à l’apport d’une maison de disques ?

Koba LaD : Mes principales attentes concernaient les médias, et que la maison de disque m’aide à être présent dans tous les médias. C’est important d’avoir une bonne maison de disque, qui te soutient, et j’ai rien à dire sur Def Jam par rapport à cela. Même au studio, ils me suivent, et j’estime avoir fait le bon choix car toutes les maisons de disque m’avaient contacté.

Rapelite : A quel moment as-tu eu l’idée de faire un projet ? Dès la signature ?

Koba LaD : T’es obligé quand tu signes un contrat, ça devient un travail, c’est comme si tu signais un CDI, faut travailler, rapporter de l’argent. Je le prends comme un travail, t’es remunéré, tu fais ton taff.

Rapelite : Il y a quelques mois tu disais te poser en studio, écouter des prods, et faire le titre à l’instinct. Paradoxalement, sur ce projet, il y a des singles plus travaillés, tu les as travaillés de la même façon ?

Koba LaD : Sur tout le projet, je l’ai fait de la même façon, faut pas se prendre la tête. Quand tu réfléchis trop, tu fais n’importe quoi, tant que t’aimes le truc, ça va bien rendre. J’écris tout ce que j’ai dans la tête et pour le moment, c’est une stratégie qui fonctionne bien pour moi.

Rapelite : D’ailleurs sur « VII », quel est ton titre préféré ?

Koba LaD : J’aime bien écouter « Chambre 122 ».

Rapelite : T’as aussi découvert la promo suite à ta signature, c’est un exercice où on sent que t’as progressé…

Koba LaD : Ouais au début, faut enclencher le truc, mais à force, ça vient tout seul. Un peu de Jack, un peu de beuh, et c’est réglé.

Rapelite : Dans certains titres, il y a des phases où tu n’hésites pas à dire que tu as plus ou moins percé, mais t’estimes avoir réellement percé à l’heure actuelle ?

Koba LaD : Il faut que je travaille encore et que je continue de travailler, on essaye encore. En vrai, il faut vendre pour percer, pour le moment j’ai juste des millions de vues, mais ça vaut rien encore, quand « VII » sera sorti, c’est à ce moment-là où on pourra voir si j’ai percé.

Rapelite : Depuis que t’as du buzz, t’as senti que le regard de certaines personnes avaient changé ?

Koba LaD : Ouais mais c’est normal, tu ne peux rien y faire, c’est l’être humain. C’est la vie, et que ce soit dans n’importe quel domaine, ça peut arriver. En vrai, il faut garder les personnes les plus importantes le plus proche de nous, et les protéger un maximum. Le reste, nique ta mère.

Rapelite : Si tu obtiens des disques d’or, de platine, ou autres certifications, est-ce que tu penses que ton discours pourra changer ou évoluer ?

Koba LaD : On m’a toujours dit qu’il y avait uniquement les cons qui ne changeaient pas d’avis, mais on verra plus tard. Pour le moment, comme je te disais, j’ai rien du tout, juste des vues sur YouTube, c’est pas grand chose.

Rapelite : Avec la notorité, tu découvres aussi les responsabilités d’une personnalité publique ?

Koba LaD : Avant même la musique, je ne me mélangeais pas, je restais dans mon bâtiment 7, donc en vrai cela n’a rien changé dans ma vie. Je suis jeune mais ça va, c’est pas trop compliqué à gérer le succès. Pour le moment je veux que mon projet fonctionne et que j’ai pas travaillé pour rien, mais je m’attends au strict minimum, je veux rien savoir, c’est pas bon de trop calculer ce genre de choses.

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