Menu

Top actus

Jazzy Bazz : son nouvel album NUIT, la couleur musicale, la scène, sa prochaine tournée, Oxmo Puccino et Nekfeu

JAZZY BAZZ (C) DAVID DELAPLACE

Il s’agissait de l’une des premières sorties de cette rentrée 2018, « Nuit », le troisième projet de la carrière de Jazzy Bazz est disponible depuis le 7 septembre. Membre éminent de L’Entourage, s’étant fait remarquer dans les Rap Contenders au début de sa carrière, l’artiste du 19 ème arrondissement a proposé un album sortant des standards traditionnels du rap. En effet, à l’instar de son nom, Jazzy Bazz s’est orienté vers l’ouverture musicale, proposant de nombreuses balades musicales, tout en conservant son style de rap si particulier au sein de l’industrie française. Intitulé « Nuit », ce nouvel album retrace de long en large les différentes facettes de l’univers de Jazzy Bazz, dont l’exploitation finale sera la scène. Très attaché à cette partie artistique, le rappeur Parisien a à cœur de défendre son projet, dans l’ensemble de l’hexagone, tout en s’adaptant à sa façon aux spécificités de la scène. Ainsi, nous sommes partis à sa rencontre afin de retracer le laps de temps entre P-Town et Nuit, la conception de ce dernier, L’Entourage mais également son futur proche.

 

JAZZY-BAZZ-1350-A-

Rapelite : Il y a deux ans, tu sortais ton projet P-Town, qui s’est écoulé à un peu plus de 15 000 exemplaires, quel bilan fais-tu de ce projet avec le recul ?

Jazzy Bazz : Chaque projet marque un moment, une étape dans ma carrière et dans ma vie personnelle. Le rap étant ma vie, mes albums me sont intrinsèquement liés. Ainsi P-Town, je le vois comme à la couleur, l’image et la façon de penser de cette époque-là. J’essaie toujours de ne pas me forcer à aller sur certains terrains musicaux parce que cela va fonctionner, je réponds à mes envies qui répondent à l’évolution de mes influences. Chaque étape se fait naturellement, sans aucune préméditation. P-Town représente une période allant de 2014 à 2017, entre le processus de création et son interprétation sur scène.

Rapelite : Mais cela confirme l’impression que tu prends vraiment ton temps entre chaque projet alors que la tendance actuelle dans le rap français serait plus la surproductivité…

Jazzy Bazz : Je l’ai vu comme un truc négatif au départ, en considérant que j’étais trop lent, mais on me le disait aussi parce qu’en ce moment, on ne jure que par la surproductivité. Je me suis rendu compte que c’est ma force donc je le prépare bien.

Rapelite : Durant la préparation de « Nuit », est-ce que tu t’es mis à réécouter « P-Town » afin d’éventuellement repérer certains défauts ?

Jazzy Bazz : Ça m’est arrivé à un moment, en hiver, cela faisait très longtemps que je l’avais pas réécouté. En plus sur scène, on joue les morceaux avec des instruments, en mode liveband, les titres sont réarrangés. J’ai vraiment redécouvert l’album parce que je n’avais pas l’habitude d’écouter le projet tel quel. En le réécoutant, je me suis dit qu’il y avait plein de trucs sur lesquels je tirais des leçons, notamment essayer de varier les instrumentales, en termes de tempo, pareil sur mes flows et ma manière d’interpréter, mais aussi amener plus de vie au projet. Dans la méthode de travail, je me suis dit qu’il fallait que je fasse beaucoup de sons de manière très spontanée et conserver les meilleurs.

JAZZY-BAZZ-1350-C-

 

Rapelite : Tu parlais de la scène, j’ai l’impression que tu travailles autant cette partie artistique que l’album en lui-même ?

Jazzy Bazz : Disons que si tu pars en tournée juste avec ton DJ, directement, tu peux travailler le jeu de scène, les transitions mais en liveband, faut apprendre à jouer avec les musiciens, première étape, cela prend du temps et beaucoup de travail. De quelle manière pouvons-nous jouer le titre afin que la version liveband soit intéressante. Justement « Nuit », je l’ai réalisé avec les musiciens qui m’accompagnent sur scène, afin qu’on parte en tournée avec les titres déjà en tête.

 

Rapelite : Sur « P-Town », t’avais invité Freddie Gibbs, une référence américaine assez pointue, qu’est-ce qui a tourné dans tes oreilles durant la confection de « Nuit » ?

Jazzy Bazz : J’ai écouté encore et toujours Freddie Gibbs, toute la clique TDE, Kendrick, Jay Rock, la BO de « Black Panther ». Mais finalement j’ai pas écouté tellement de rap durant cette période parce que tu fais beaucoup de musique pour toi, donc tu te mets à écouter d’autres sons que du rap. J’ai écouté beaucoup de musique latine du coup. Après même les français, j’écoute pas mal, aujourd’hui Josman et Luxe ont sorti des projets, je les ai écoutés. En vrai, j’ai jamais juré par un seul artiste parce que je vais retenir des titres mais pas l’intégralité non plus.

Rapelite : J’ai l’impression que tu te fais assez discret médiatiquement, c’est une volonté de ta part ou plutôt un concours de circonstances ?

Jazzy Bazz : En plus d’être présent dans tous les médias, aujourd’hui, il faut également être très présent sur les réseaux sociaux. Personnellement, je préfère la mettre en veilleuse entre deux albums, donc lorsqu’on me propose de la presse entre deux projets, je réponds on verra quand je sortirai l’album. Pareil, sur les réseaux sociaux, je me fais discret et je prépare mes trucs, j’aime pas parler pour rien, si t’es pas encore convaincu par tes sons. Une fois que tout est prêt, on envoie et on parle.

Rapelite : Je voulais aussi avoir ta perception concernant le succès de Nekfeu ?

Jazzy Bazz : Déjà, on est tous très fiers et on partage tous indirectement ce succès car il nous a toujours portés avec lui. Il le disait dans un son, je préfère qu’on soit ensemble sur un radeau plutôt que seul sur un bateau, c’est sa mentalité d’être toujours en équipe. Nous avons vécu chaque étape de son succès et du nôtre.

Rapelite : Pour en revenir à ta musique, tu as sorti le titre « Charles Bronson » sur la chaîne Daymolition, pourquoi as-tu pris cette décision ? Sachant que cette chaîne est assez éloignée de ton univers musical.

Jazzy Bazz : Il s’avère que j’ai rencontré l’équipe Daymolition et je me suis grave bien entendu avec eux parce que je fonctionne pas mal à l’humain, et le courant est tout de suite passé. Ils m’ont dit qu’ils étaient grave chauds pour le prochain album de me réaliser un clip, un peu à la World Star Hip-Hop quand une grosse tête balance son morceau sur la chaîne. Je leur ai proposé ce titre, et directement ils ont pris les choses en main, ils ont tout organisé, ils ont été très très bons. C’était une belle collaboration où tout le monde était gagnant.

 

 

Rapelite : Avec « Nuit », t’as proposé un 12 titres, soit un format plus court que « P-Town », t’as voulu t’adapter au mode de consommation des auditeurs qui préfèrent écouter un projet concis et efficace ?

Jazzy Bazz : En vrai, pour l’aspect commercial, il vaut mieux mettre beaucoup de titres, à tel point que des gens mettent vraiment beaucoup beaucoup de titres, avec des double-albums condensés en un, voire trois albums afin de faire croire que c’est pas un truc de 40 titres. En vrai, c’est pour réaliser des meilleures ventes tout simplement, et j’en avais conscience, et j’étais pas là pour me mettre des bâtons dans les roues, j’ai préféré écrémer et laisser les titres qui y avaient leur place, afin de conserver une tracklist cohérente.

Rapelite : Par rapport à tes choix de featuring, cela peut paraître surprenant qu’il y ait autant de chanteuses car c’était quelque chose qui s’observait essentiellement dans les années 2000, t’as essayé de remettre ce code artistique au goût du jour ?

Jazzy Bazz : C’était absolument pas prémédité, par rapport à mes featurings, il y a uniquement des amis, qui sont proches de moi et nos entourages. Le morceau avec Sabrina, par exemple, on était ensemble au studio, elle a essayé un truc en cabine, ça a rendu grave bien et ça a terminé en interlude. Bonnie, c’est un peu pareil, elle nous a proposé un truc sur cette instru, avec Nekfeu, on a adhéré, on l’a fait. Il n’y a aucun calcul et c’est ce que j’aime bien dans la musique.

Rapelite : Mais il n’y a pas un kiff que t’aurais aimé te faire en dehors de ton entourage ?

Jazzy Bazz : Il y a beaucoup de gens que j’écoute, et que je n’ai jamais rencontré, et dont j’aime le taff, mais je suis souvent avec mes proches en studio et la musique se fait instinctivement. En revanche, je suis absolument pas contre l’idée de prendre son téléphone et dire j’aimerais bosser avec lui ou elle. C’est super intéressant de bosser avec des gens que tu ne connais pas forcément humainement mais il va y avoir un truc qui se passe en studio, une alchimie, un truc. Il y a plein d’artistes avec qui cela doit être terrible de travailler.

Rapelite : Sur « Nuit », l’aspect Titi Parisien ressort, à l’instar de tes deux précédents projets, est-ce que c’était pour amener une continuité artistique entre tous tes projets ?

Jazzy Bazz : En quoi tu l’as retrouvé ce côté sur le projet ?

Rapelite : Sur l’aspect musical, les productions, et même sur l’interprétation à certains moments. Toutes proportions gardées, cela me fait penser à certains moments à Oxmo Puccino, sur le côté un peu plus musical

Jazzy Bazz : Je comprends tout à fait et c’est sûrement cela qui marque notre style, le type d’instrus sur lesquelles on pose. Je pense que j’ai mon délire et qu’il est original par rapport au rap français, et on a réussi à davantage affirmer notre style et c’est l’une de mes fiertés sur ce projet. Par rapport à l’aspect musical, on a réussi à aller un peu plus loin et un peu plus près de ce qu’on veut faire.

 

 

 

Rapelite : Dans ce projet, je le trouve d’ailleurs un peu plus planant et aérien…

Jazzy Bazz : J’ai pas encore assez de recul, mais cela ne me suprend pas car le critère un peu planant est quelque chose qui me convaincs et me parle. C’est marrant parce qu’il faut du recul, à l’époque de « P-Town », j’avais écouté « Sur la route du 3.14 » pour capter la différence de couleurs entre les deux projets et même d’ambiance. Finalement, j’ai vraiment aucun recul et je pourrais bien voir les différences un peu plus tard finalement.

Rapelite : Tu t’étais fixé des interdits sur ce projet ?

Jazzy Bazz : Non, aucun interdit, même j’avais posé sur une prod Afro-Trap, et j’étais pas convaincu. Après ce fameux titre n’était pas pour mon projet, c’était pour des potes, mais il y a eu tellement d’arrangements sur la prod’ que c’était devenu un titre de flamenco à la fin, rien à voir. Dans la musique, pour moi, il n’y a pas de mauvais genres, même dans le style un peu zumba, j’écoute parfois de la rumba, les trucs qui sont la base du mouvement et qui ont beaucoup de points communs avec les musiques latines. J’ai pas de frontière au niveau des styles. Le problème de la musique reste que les gens aiment uniquement ce qu’ils ont déjà entendu. Ils ont besoin de réentendre quelque chose qu’ils ont déjà écouté. Il faut passer cette barrière et se dire que dans tous les styles, il y a du bon, tu commences à kiffer et écouter un peu tout.

Rapelite : Par rapport au titre du projet « Nuit », simplement, est-ce que la musique se fait obligatoirement la nuit ?

Jazzy Bazz : Même pas, je pense qu’il n’y a pas de règle mais dans mon cas, la musique se fait à 95% durant la nuit. Le pic d’inspiration survient entre 2 et 4 heures, quand il arrive, tu sais qu’il part pas et tu continues jusqu’à tard, tellement tard qu’il est midi parfois. En studio, regarde la dégaine des ingénieurs du son et leurs cernes, tu comprends rapidement.

Rapelite : Récemment, t’as été invité sur un titre d’Oxmo Puccino, sur « 24 heures à vivre », à l’occasion de la réédition des 20 ans de « Opéra Puccino », quels souvenirs en gardes-tu ?

Jazzy Bazz : C’était un honneur parce que ce disque est l’un des plus grands classiques du rap français et dans ma vie personnelle, c’est l’un de ceux que j’ai le plus écoutés. Oxmo a vraiment ce statut de légende, encore plus quand tu viens du 19ème. Si on m’avait dit que 20 ans plus tard, je poserais dans cet album et monterais sur scène avec lui, à l’Olympia, j’y aurais vraiment pas cru. Je me suis rapproché d’Oxmo lors de la sortie de « P-Town », je l’avais invité à mon Planète Rap, à mon concert à La Cigale, et j’ai appris à connaître ce grand monsieur. Sans m’en rendre compte, j’ai commencé à faire partie de son cercle, et humainement, c’est quelqu’un de vraiment très généreux, humble et à la hauteur de sa légende. En quelques mots voire quelques phrases, il peut t’inspirer. J’ai eu la chance de faire quelques sessions studio avec lui, et j’en garde un souvenir impérissable.

 

 

Rapelite : Tu prépares une tournée avec en point d’orgue, une date à la Gaïté Lyrique, à quoi faudra-t-il s’attendre ?

Jazzy Bazz : Déjà à la Gaïté Lyrique, on sera en fin de tournée, on sera rôdés, prêt et je pense que ce sera une date à ne pas louper, avec l’expérience de la tournée accumulée. Sur Paris, il y aura peut-être plus d’invités, on pourra peut-être faire des choses plus inédites. Ca sera un gros travail de réarrangement, afin de conserver l’âme des morceaux, ce pour quoi on les aime, ne pas les dénaturer et en même temps leur donner de la vie en les jouant. C’est de la vie, c’est des moments où t’écoutes le son tranquille et d’autres où on va foutre la merde, il y aura de l’excitation, du calme, de la folie, et tout cela dans le partage.

Rapelite : Il y a des rumeurs faisant écho qu’un nouvel album de L’Entourage se préparerait, est-ce fondé ?

Jazzy Bazz : Il n’y a rien de très concret, on ne peut pas parler d’actualité comme ça. Cependant, il est vrai que L’Entourage continue de vivre à travers les projets de chacun, le fait que je sois en promo nous amène à discuter de L’Entourage. Lorsque je sors un projet, on me perçoit tel Jazzy Bazz de L’Entourage, pareil pour Alpha, Nekfeu, Framal, Doums, et tout le monde. On a cette responsabilité à porter le drapeau, c’est de cette façon qu’on fait vivre L’Entourage, via chacun, et pour l’instant, il n’y a rien, mais également énormément de choses.

 

 

TOURNÉE DE JAZZY BAZZ :


17 octobre 2018 : LA LUNE DES PIRATES – Amiens

25 octobre 2018 LES TRINITAIRES – Metz

26 octobre 2018 NED – Montreux

27 ocobre 2018 ZOO – Usine PTR – Geneve

02 novembre 2018 LE ROCHER DE PALMER – Bordeaux

16 novembre 2018 LA SOUFFLERIE – Nantes

17 novembre 2018 LE METRONUM Toulouse

23 novembre 2018 LE NINKASI Lyon

24 novembre 2018 L’AFFRANCHI Marseille

30 novembre 2018 LE REFLEKTOR Liège

06 novembre 2018 LA LAITERIE Strasbourg

07 décembre 2018 LE ROCKSTORE Montpellier

14 décembre 2018 LA GAITE LYRIQUE Paris

19 décembre 2018 L’ÉTOILE – Lille

Autres actus