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Kooseyl : son parcours, son éclectisme musical, Soprano, Marseille, son avenir

Kooseyl

Originaire des quartiers nords de Marseille, Kooseyl commence à se faire connaître dans le rap français, depuis un an, de par son style atypique mais également grâce l’éclectisme de sa musique. A la croisée des chemins entre le rap, le chant et les balades musicales s’éloignant totalement de l’urbain, Kooseyl a ainsi sorti son premier EP « Hybride », illustrant parfaitement le nom du projet. Neuf morceaux sur lesquels l’artiste marseillais prouve que son univers musical n’a aucune limite, prouvant l’étendu de son potentiel pouvant lui permettre de dépasser les sphères du rap à terme.

Ainsi, nous sommes allés à la rencontre de cet artiste se considérant encore en développement, mais doté d’une grande lucidité par rapport à sa carrière et ses objectifs à venir. En parallèle, Kooseyl est également un véritable homme à tout faire dans la musique étant donné qu’il a la main mise sur sa musique, de l’écriture des textes à l’enregistrement, en passant par l’interprétation. Retour sur cet entretien, permettant à la fois de découvrir Kooseyl et comprendre son cheminement artistique découlant sur une musique hybride.

 

Interview réalisée par Thibault

 

Rapelite : T’es originaire de Marseille, des quartiers nords, à quoi ressemblait l’enfance de Kooseyl ?

 

Kooseyl : Elle ressemblait à celle de tous les jeunes des quartiers nords de Marseille, tu fais les 400 coups, tu fais tes petits trucs, tes affaires à droite à gauche.

 

Rapelite : Et comment t’es-tu rapproché de la musique, est-ce qu’il y a eu un élément déclencheur ?

 

Kooseyl : Mon père était un artiste, du coup j’ai toujours baigné dans la musique, mais je me suis vraiment mis à en faire à l’âge de 20 ans. A cet âge là, je rappais déjà dans mon coin, et je me suis mis à faire de la guitare. C’est à ce moment là où je découvre que je sais chanter. Après, j’ai commencé à mélanger le rap et le chant.

 

Rapelite : Par la force des choses, t’as dû beaucoup te chercher artistiquement ?

 

Kooseyl : Evidémment parce que d’une tu fais beaucoup de choses et de deux, tu en testes énormément. Parfois, tu vois que c’est nul ou tu tournes en rond et aujourd’hui j’ai l’impression que mon délire prend vraiment forme.

 

Rapelite : En effectuant des recherches sur tes influences, j’ai su que la Fonky Family ou La Clinique en faisaient partie, comment cela se fait qu’à ton âge, tu ais les influences d’une personne ayant 10 ans de plus que toi ?

 

Kooseyl : A l’ancienne, j’écoutais beaucoup de rap français, et ce rap à l’ancienne me parle, c’est différent de ce qui se fait aujourd’hui.

 

Rapelite : Qu’est-ce que tu appréciais dans cette musique de l’époque que tu ne retrouves pas forcément dans le rap actuel ?

 

Kooseyl : Le fond, surtout. C’est quelque chose auquel je fais attention, même dans mes propres textes. Maintenant avec l’expérience, en ayant écrit beaucoup de textes, j’écris déjà plus rapidement, en plus tu es obligé de carburer maintenant. C’est plus comme à l’époque où tu sortais un morceau tous les ans.

 

Rapelite : Par rapport au manque d’infrastructure à Marseille, est-ce que cela t’a posé problème à un moment dans ton développement ?

 

Kooseyl : C’est beaucoup plus compliqué parce qu’il n’y a pas autant de label qu’à Paris ou de maisons de disque, les radios sont ici, tout est à Paris. C’est beaucoup plus compliqué de se développer à Marseille, donc tu fais comme tu peux.

 

Rapelite : Ajoutons que le public marseillais est très dur avec ses artistes …

 

Kooseyl : Exactement, mais il faut surtout rester authentique, et vrai. Je suis de Marseille, si je commence à m’inventer une vie que je n’ai pas, on va immédiatement me le dire. Les gens me connaissent, ils m’ont sur Snapchat et Instagram, et ils peuvent me croiser dans les quartiers nords. C’est pour cela que le public est très dur, il faut qu’ils se reconnaissent en toi.

 

Rapelite : Pour en revenir à ton parcours, t’as signé en maison de disque (Universal), il y a un an, t’as pas jugé que cela pouvait être précoce ?

 

Kooseyl : Non, pas du tout parce que l’équipe, avec laquelle je travaille, me comprend. Puis c’est naturel, je suis en maison de disques comme si j’étais en indépendant, en vrai. Même si la maison de disque reste une grosse machine, on se développe étape par étape. On va dire qu’elle s’adapte à ma carrière et à ma position actuelle.

 

Rapelite : T’es un homme à tout faire, musicalement, t’écris tes textes, tu composes, t’enregistres, tu chantes, tu rappes…

 

Kooseyl (Il coupe) : C’est pour cela que j’ai appelé ma mixtape « Hybride », je sais que plus tard, il y en aura beaucoup des mecs comme moi, qui savent tout faire. Du coup, j’anticipe le truc.

 

Rapelite : De savoir tout faire par soi-même, c’était une volonté de ta part afin d’avoir un contrôle total sur ta propre musique ?

 

Kooseyl : Cela s’est fait avec le temps. Au départ, je faisais mes instrus dans mon coin, et je voulais m’enregistrer, j’allais dans les studios. Les séances étaient très tard la nuit et je travaillais le lendemain, tu peux pas forcément trouver des séances qui te conviennent. Du coup, je savais déjà toucher au logiciel, je pouvais m’enregistrer tout seul. Ca s’est fait naturellement.

 

Rapelite : A l’époque où tu travaillais, tu te voyais devenir un artiste signé en maison de disque ou c’était davantage un rêve lointain ?

 

Kooseyl : C’était même pas un rêve parce que je me disais que c’était faisable. Quand je bossais, et que je commençais à 6 heures du matin, 3 heures avant, je faisais encore des sons, je travaillais aussi beaucoup ma musique à côté. Il fallait travailler et je l’ai fait !

 

Rapelite : Maintenant, cela doit être plus reposant car tu peux uniquement te concentrer sur ta musique.

 

Kooseyl : Disons qu’il y a d’autres contraintes et que c’est pas tellement reposant, c’est plus dur maintenant. Quand t’es dans le monde du travail, que t’as un contrat, avec une sécurité mentale du salaire qui tombe, mais dans la musique, tu n’as pas cette sécurité.

C’est un exemple que je donne souvent mais quand tu roules en montagne, la nuit et qu’il y a pas de lumière avec les phares, tu sais où tu veux aller mais tu vois qu’à 50 mètres plus loin. Du coup, tu sais pas trop comment prendre les virages.

Dans la musique, c’est le public qui décide, c’est pour cette raison que je me prends pas la tête sur les morceaux et leurs style. Je fais ce qui m’inspire et c’est le public qui décide. C’est plus comme à l’époque où tu signais en maison de disque, et tu étais en radio, partout. Aujourd’hui, même en maison de disque, t’es comme tout le monde.

 

Rapelite : Je voulais également revenir sur ta casquette de producteur, t’as produit plusieurs sons pour Hooss récemment et j’ai l’impression que tu essaies à chaque fois de le pousser à faire un single ?

 

Kooseyl : Un morceau que j’ai fait pour lui « T’es tarpin light », sur ce morceau, j’ai essayé de lui donner une direction artistique. Mais par exemple « Le Bon Soir », c’était un de mes morceaux à la base. Je comptais même pas le sortir et je lui ai proposé parce que Hooss voulait un son dans ce style.

 

Rapelite : Tu te considères davantage comme un rappeur ou un chanteur ?

 

Kooseyl : Actuellement, je suis plus du côté rappeur, mais je me considère comme Hybride au final. Pour le public, je suis un rappeur. Après faut bien faire attention, j’essaye pas de faire quelque chose qui s’éloigne du rap, je veux juste proposer autre chose, ni du chant, ni vraiment du rap, mon propre truc. C’est là où c’est le plus difficile parce que quand c’est nouveau, c’est plus dur de se faire accepter, car les gens vont écouter de la musique qu’ils n’ont pas l’habitude d’écouter. C’est pour cela qu’être chez Universal ou dans un label, ça peut t’aider car ils ont une puissance financière qui te permet de faire des clips permettant de développer ton perosnnage.

 

Rapelite : D’ailleurs, dans tes visuels, on a l’impression que tu ressens toujours de la fierté de venir de Marseille…

 

Kooseyl : Ouais, c’est la ville où j’ai grandi, et c’est les Marseillais qui me donnent de la force, notamment dans mon quartier. Ici, à Paris, tu commences à avoir un petit public de partout, en Belgique aussi, mais c’est différent.

 

Rapelite : T’as l’impression d’être surtout écouter à l’échelle locale ?

 

Kooseyl : Non, je crois que ça commence à prendre de partout, et j’ai l’impression que dans le sud, c’est les villes comme Perpignan, Nice, Toulouse, Bordeaux, où il y a le plus de public. J’ai l’impression que les publics de ces villes sont plus conséquents qu’à Marseille même.

 

Rapelite : Dans ton actualité recente, t’as eu un titre sur la bande-originale de Taxi 5, déjà qu’est-ce que cela t’a fait de te retrouver sur un projet d’une telle envergure ?

 

Kooseyl : Pour pas te cacher, c’est même pas d’être dans le BO de Taxi 5 le plus important, c’est la collaboration avec Soprano. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup, quand j’étais petit, je l’écoutais à la radio, je le voyais comme une star et je me retrouve à faire un morceau avec, et c’est lui qui me sollicite en plus !

 

Rapelite : Et le morceau s’est fait en moins de 24 heures, c’est ça ?

 

Kooseyl : Ouais, on avait pas d’instru, et il se sentait pas de faire un morceau entier, comme on s’était déjà rencontrés, il savait que j’allais lui faire un truc rapidement. C’est sympa de sa part parce que Soprano, beaucoup de rappeurs sont en liste d’attente pour faire un featuring avec lui. Soprano leur apporterait une ouverture, et le fait qu’il veuille qu’on fasse le morceau ensemble, c’est sympa de sa part. Après ce morceau, on l’a enregistré chacun dans son coin parce qu’il avait pas le temps pour qu’on se voit.

 

Rapelite : Sur Hybride, on peut dire qu’il y a plusieurs univers musicaux différents ?

 

Kooseyl : Pas vraiment et c’est là que le nom Hybride prend son sens car c’est plusieurs choses mélangées qui donnent un rendu final.

 

Rapelite : Mais t’as pas peur qu’en te positionnant comme un artiste hybride, le public puisse se dire il est bon partout, mais il excelle nulle part ?

 

Kooseyl : C’est la difficulté en vrai, mais il faut se démarquer dans l’image tout en marquant son territoire.

 

Rapelite : Il n’y a aucun featuring sur le projet, ce qui est un choix de ta part, mais tu ne trouves pas cela dommageable au vu de l’activité de la scène rap Marseillaise en ce moment ?

 

Kooseyl : Je vais te dire la vérité, aujourd’hui les featurings se font par intérêt, et c’est pour cela que je suis très reconnaissant de Soprano car il a aucun intérêt à faire un featuring avec moi. Même si on est dans la même équipe (ndlr : Only Pro), qu’est-ce que je vais lui apporter ? Maintenant, les feats se font si tu as beaucoup de vues, et même si tu connais bien un mec, il va pas forcément faire le feat parce que tu n’as pas beaucoup de vues. Après je suis pas fermé, mais je fonctionne au feeling et si je le sens pas, je fais pas de son avec toi.

 

Rapelite : Désormais, quelle est la prochaine étape de ta carrière ?

 

Kooseyl : C’est de marteler ma musique, mon style, ce que je fais, que les gens comprenenent parce que c’est pas facile.

 

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