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Busta Flex : sa carrière, sa relation avec NTM, la production et son statut dans le rap français.

Busta Flex (C) FIFOU

Busta Flex s’est fait remarquer en France dans la seconde moitié des années 1990 grâce notamment à sa maîtrise technique supérieure à la moyenne et à travers sa présence sur diverses mixtapes et K7 réalisées par Cut Killer. Cependant, et depuis ses premiers pas, un élément est essentiel dans le cheminement artistique de Busta : la scène. En effet, c’est à travers ses différentes prestations scéniques que l’artiste du 93 a pu se faire remarquer par Kool Shen, qui décida de produire son premier album, sobrement intitulé « Busta Flex ».

C’est le 3 février 1998 que ce projet majeur du rap français des années 1990 a ainsi vu le jour. Projet marquant sur lequel on peut constater les  les apparitions d’Oxmo Puccino, NTM, et de Zoxea. A l’époque Busta Flex avait toutes les cartes entre les mains pour exploiter son album dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, un an après sa sortie, l’album a été certifié disque d’or, correspondant à 100 000 ventes physiques à une période où les plateformes digitales de streaming n’existaient pas.

A ce jour, le premier album de sa carrière restera le plus mythique, aussi bien en terme de direction artistique que de succès commercial. Par la suite, dans les années 90, Busta Flex a accompagné NTM sur ses différentes tournées.

20 ans plus tard, rien n’a changé, Busta Flex sort une réédition de son album « Busta Flex », contenant deux inédits, tout en assurant le show lors des différents Bercy de NTM. Ainsi, au détour d’un entretien, nous sommes revenus avec Busta sur l’ensemble de sa carrière, sa relation avec NTM, ses débuts à la production et son statut dans le rap français.

Interview réalisée par Thibault

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Rapelite : Quand tu avais sorti ton premier album « Busta Flex », il y a 20 ans, est-ce que tu te voyais avoir cette carrière ?

Busta Flex : Du tout, mais au fond je l’espérais quand même. Mon objectif était d’être comme les aînés, Kool Shen, Joey Starr, Akhenaton parce qu’ils avaient dix ans de plus que nous, ils avaient déjà sorti des disques bien avant moi, donc au final cette carrière était souhaitée.

Rapelite : La longévité est également l’un des objectifs de la carrière de chaque artiste…

Busta Flex : Pas forcément, tu voudrais que cela dure, mais je te jure que j’étais plus dans une mentalité au jour le jour. C’est après coup que tu constates qu’une carrière a été faite, mais pendant le truc j’ai jamais vraiment calculé ça en fait.

Rapelite : Dans ton actualité plus récente, le public avait pu te revoir sur la scène de l’Accor Hotel Arena, à l’occasion des dates de NTM, cela t’avait procuré quel sentiment de remonter dessus ?

Busta Flex : Ca me faisait déjà très plaisir, après je sors de la tournée de L’Âge d’or du Rap Français, avec laquelle on avait fait tous les Bercy, tous les Zénith, donc j’étais pas trop dépaysé. Mais ce retour à Bercy, c’est particulier à cause de l’ampleur de l’événement, j’étais évidemment content de retrouver NTM, pour les trente ans de carrière. J’avais fait leur première partie en 1998, en 2008, j’étais encore avec eux quand ils ont enchaîné 5 Bercy d’affilée, et encore en 2018. En plus, je trouve que c’était l’un de leurs meilleurs concerts cette année.

Rapelite : Mais quel a été le souvenir fort de cette date?

Busta Flex : De revoir Joey Starr et Kool Shen en forme, mais vraiment, et surtout de les voir maîtriser leur art parce que Kool Shen, je l’ai vu rappé ses morceaux différemment, c’est-à-dire qu’il changeait de flow, il s’amusait, rien que pour cette raison, ça m’a fait kiffer, si le public l’a capté, ça a dû les impressionner. Après, tout était parfait, le jeu de scène, l’ambiance. Je me suis encore pris une claque et je me suis également dire, je fais vraiment partie de cette famille, de ce clan, c’était une belle mise à jour. C’est pas fini puisque je les accompagne sur toute leur tournée, et je ne fais pas les premières parties, comme cela a pu l’être annoncé.

Rapelite : On sent que la prestation scénique est un épanouissement, et j’ai limite l’impression que t’y accordes plus d’importance qu’au studio, finalement la scène ne serait pas la finalité de ton processus artistique ?

Busta Flex : Si tu veux, j’aime beaucoup le studio, je suis un rappeur de studio à la base, mais tout ce que je prépare dedans, je réfléchis à comment ce sera interprété sur scène, ce que ça donnera. Si tu veux, une fois que t’es en studio et que t’y prépares des morceaux, si t’as trop de confort dans cet endroit, tu le retrouveras pas forcément en live, donc tu seras éventuellement embêté de pas retrouver certaines choses que tu voyais en studio. Quand je suis en live, je veux donner une autre dimension à ma musique et je m’éclate encore plus en concert.

Rapelite : Pour en revenir au projet « Busta Flex », qu’est-ce qui t’a motivé à sortir une réédition plutôt que proposer du contenu inédit ?

Busta Flex : Ca faisait vingt ans que le projet était sorti, je voulais fêter cet événement là, étant donné qu’il avait fait disque d’or à l’époque, et il n’y avait pas encore le streaming. C’était vraiment pour marquer le coup, Passi avait fait sa réédition l’année dernière pour « Les Tentations », Oxmo aussi va sortir la sienne.

Rapelite : En préparant l’interview, j’ai cherché différentes informations sur tes concerts à venir sur Paris, et les informations étaient assez confuses, tu pourrais y apporter un peu de clarté ?

Busta Flex : Dans l’immédiat, je fais un concert le 13 juin, à La Place. Si tu veux les billets vont être mis en vente, lundi 26 ou mardi 27 mars (ndlr : l’interview a été réalisée le vendredi 23mars). La promotion qu’on est en train de faire servira également cet événement.

Rapelite : Par rapport à la réédition, je voulais savoir à quel public le projet était destiné étant donné que la jeune génération ne te connaît pas forcément ?

Busta Flex : C’est surtout pour mon public, à la base, après s’il y a des jeunes qui sont intéressés, qui tombent dessus et que ça leur parle, tant mieux, ca fera une mise à jour culturelle sur le hip-hop français, mais c’est surtout destiné aux fans.

Rapelite : Du coup, ta stratégie de communication n’est pas forcément de cibler les jeunes sachant que cela serait intéressant de les faire redécouvrir ce qu’était le rap vingt ans auparavant ?

Busta Flex : Ouais mais pour cela, il aurait fallu que les radios suivent le jeu, qu’elles jouent un peu mes morceaux, sinon cela ne vaut pas le coup, il aurait fallu que je fasse des inédits exprès. Pour le coup, j’ai inclus deux inédits dans la réédition de « Busta Flex », c’est plus intéressant ainsi.

Rapelite : Vingt ans après, avec le recul, tu penses que « Busta Flex » a eu une influence majeure dans le rap français ?

Busta Flex : C’est sur, tu m’aurais posé cette question là, 15 ans avant, je t’aurais dit non, 10 ans avant, non, mais là 20 ans, je te dis oui, forcément. Avesec toutes les années qui sont passées, j’ai rencontré des personnes connues et moins connus qui m’ont dit que je les ai influencées, inspirées, finalement cela a servi.

Rapelite : Notamment sur quels aspects, tu penses avoir influencé ?

Busta Flex : Au niveau du flow, notamment, je me suis toujours inspiré des sons américains, de la technique, du kickage, sur des prods vraiment plus américaines que la norme ici. Là-dessus, j’ai donné pas mal de ficelle, de technique à plein de rappeurs qui font leurs trucs désormais.

Rapelite : Puisqu’on parle de ton influence, il faut savoir que t’as également eu un rôle dans le développement d’un rappeur français disque d’or, à savoir Hornet la Frappe. Cela a souvent été évoqué, sans vraiment rentrer dans le détail, quel rôle tu as eu dans son développement ?

Busta Flex : Mon rôle a été de le développer et de le faire connaître.

Rapelite : L’objectif était vraiment de le professionnaliser et fin de l’histoire ?

Busta Flex : Normalement, on devait continuer mais arrivé à un moment, j’avais pas toutes les armes afin de subvenir à ses besoins, donc il a décidé de voler de ses propres ailes, mais cela s’est fait d’un commun accord. Aujourd’hui, ça marche bien pour lui, donc je suis content, on va dire que je l’ai produit et formé pendant quelques années. Je lui ai fait sortir l’EP « Réussir ou Mounir », pas mal de clips via Daymolition, et même sans eux d’ailleurs, il est également apparu dans la mixtape OKLM. C’est moi qui produisais les instrumentales pour qu’il ait un univers et qu’on puisse l’entendre. J’aurais aimé continué avec lui mais malheureusement j’ai pas eu les reins assez solides pour enchaîner la suite.

Rapelite : Ainsi, la production serait quelque chose susceptible de pouvoir encore t’intéresser à l’avenir ?

Busta Flex : Je t’avoue que je ne sais pas encore, cela m’a mis un coup dans l’aile la production d’Hornet car c’était un petit de mon quartier et que ça me tenait à cœur de le booster. Après, j’ai bossé plein de fois avec des rappeurs, je les ai mis en avant, mais maintenant, mon avenir dans la production, je sais pas si ça m’intéresserait toujours. Cela dit, réaliser, ça m’intéresse toujours, produire, c’est autre chose.

Rapelite : D’ailleurs, il y a un retour aux fondamentaux des freestyles, en ce moment, dans le rap français…

Busta Flex : Tu trouves ?

Rapelite : Oui, avec les Cyphers, dont Rentre Dans Le Cercle, les freestyles Planète Rap et Générations qui font de plus en plus de vues, les différents concepts de freestyles voyant le jour sur YouTube et ainsi de suite…

Busta Flex : Ah d’accord, je pensais que tu parlais d’improvisation. Concernant le freestyle, dans son sens large, et l’importance accordé aujourd’hui, ça déchire. J’ai toujours pratiqué ça, c’est mon école, je kiffe. Je trouve que Rentre Dans Le Cercle est un des meilleurs exemples pour montrer les freestyles, avec différents flows et différentes formes de technique.

Rapelite : Un dernier mot à rajouter ?

Busta Flex : On est là, on lâche pas, on représente, et merci à tous les fans, que le hip-hop continue.

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